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Publié le 20 octobre 2025 à 13:14

 

Taxis contre plateformes : quand l’inaction de l’État menace la République

Ce qui se joue entre les taxis et les plateformes n’est pas un simple conflit professionnel. C’est un affrontement entre deux visions du droit : celle de la République, fondée sur la règle commune, et celle des multinationales du numérique, fondée sur la dérégulation algorithmique.

 

Alexis de Tocqueville évoquait déjà le danger d’une servitude douce, cette forme de dépendance qui naît quand les citoyens abandonnent la loi au profit du confort. Nous y sommes : Uber et consorts exploitent les failles du droit, contournent les décrets, déplacent les impôts et transforment l’illégalité en modèle économique.

 

La maraude illégale, c’est-à-dire le fait pour un VTC d’attendre ou de capter un client sans réservation, n’est pas une erreur de procédure : c’est le cœur d’un système de contournement. Une loi méconnue du grand public, anodine en apparence, devient une brèche ouverte où s’engouffre la dérégulation. Malgré les interdictions explicites du Code des transports (article L.3122-9 et décret n°2017-483), les plateformes incitent leurs chauffeurs à se positionner sur les zones de chalandise comme des taxis, au mépris de la légalité.

 

Uber, en se présentant comme intermédiaire technologique, casse le Code du travail : derrière le mot « partenaire » se cache un lien de subordination économique. Montesquieu rappelait que « la liberté périt quand les lois deviennent impuissantes » ; ici, l’impuissance est organisée.

 

Selon l’URSSAF, 87 % des chauffeurs VTC déclarent un chiffre d’affaires inférieur à celui que les plateformes enregistrent, et 27 % ne déclarent rien. Plus de 70 millions d’euros de cotisations échappent chaque année au système social. Pendant ce temps, les taxis déclarent, paient, subissent les contrôles et remplissent leurs missions de service public.

 

Ce déséquilibre ne relève plus de la concurrence : il relève de l’érosion numérique du droit. Un phénomène que l’on pourrait définir comme la désintégration progressive des cadres juridiques sous la pression technologique. Hannah Arendt aurait parlé de « banalisation de l’illégalité » ; Orwell, lui, d’inversion du sens des mots.

 

Les plateformes déplacent leurs bénéfices à l’étranger, siphonnent la valeur produite en France et affaiblissent la solidarité nationale. Ce mécanisme, c’est celui d’une féodalité moderne, où le pouvoir n’appartient plus à la loi, mais à celui qui contrôle la donnée.

 

Les taxis, eux, sont les derniers à défendre cette verticalité du droit. Leur autorisation de stationnement, prévue à l’article L.3121-1 du Code des transports, n’est pas un privilège : c’est une mission publique, encadrée, fiscalisée, régulée.

 

Laisser la maraude illégale prospérer, c’est laisser se déliter le contrat social. C’est accepter qu’un algorithme dicte la loi à la place du législateur. Tocqueville écrivait : « Il n’y a pas de liberté sans loi, ni de loi sans autorité. » Aujourd’hui, l’autorité recule, la loi s’efface, et la République s’érode.

 

Ce combat dépasse la profession. C’est celui de la justice économique, de la souveraineté nationale et de la survie du modèle républicain face à la domination numérique. Défendre la loi, ce n’est pas défendre un corps de métier : c’est défendre la France contre l’effacement du droit.

 

 




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